Engagement politique dans les soins de santé
Les temps sont extrêmement difficiles pour les professionnels de la santé au Nouveau-Brunswick. Bon nombre de médecins et autres collègues souffrent, du fait de la COVID-19, d’un grave épuisement professionnel et tentent, à bout de souffle, d’éviter l’effondrement d’un système déjà fracturé rendu plus vulnérable encore par la pandémie. Pendant que certains prennent des vacances bien méritées et que beaucoup d’autres se remettent de la COVID-19, les circonstances au sein du système demeurent extraordinairement stressantes.
Nous comprenons vos inquiétudes, et nous les partageons. Tandis que les temps d’attente pour les chirurgies et les arriérés cliniques augmentaient et que nous assistions à la fermeture plus fréquente de salles d’urgence et de cliniques sans rendez-vous, ceux d’entre nous qui sont aux premières lignes du système de santé ont maintes fois demandé de l’aide. Nous avons souligné les lacunes du système, d’inquiétants problèmes et des obstacles potentiels à des soins optimaux pour les patients.
Depuis des années maintenant, les médecins doivent composer avec des conditions de travail difficiles, et leur moral s’en ressent. L’intervention politique récente dans les questions de soins aux patients et l’ingérence d’autres parties, auxquelles échappe la perspective clinique, ont suscité la frustration chez bon nombre d’entre nous, qui y ont vu un manque de respect et se sont sentis sous-estimés. Les cliniciens sont formés pendant de nombreuses années et possèdent les compétences nécessaires pour gérer les situations qui se présentent dans la prestation aux patients de soins adaptés. Pour des raisons évidentes, il arrive souvent que les politiciens et autres administrateurs ne comprennent pas pleinement tous les aspects d’une situation clinique; intervenir dans les aspects cliniques des soins de santé, voire les commenter, peut alors s’avérer non seulement inutile, mais aussi dangereux.
La couverture médiatique étendue des questions médicales est également préoccupante. Nous savons que les médias ont le devoir d’informer, mais il y a des conséquences à nommer précisément des professionnels de la santé, notamment pour le moral et l’intégrité des personnes concernées. Ce qui complique encore les choses, c’est que, pour des raisons de confidentialité, les cliniciens, les infirmières et les autres professionnels paramédicaux ne sont pas en mesure de commenter le cas d’un patient en particulier; il s’avère donc très difficile de comprendre l’ensemble des interactions avec les patients.
Vous pourriez avoir l’impression que nous perdons patience et sommes moins compatissants; bien qu’il s’agisse là d’une conséquence périodique des dernières années, nous tenons à ce que vous sachiez que nous maintenons un fort sentiment d’engagement et de responsabilité envers nos communautés et nos patients.
Ceux d’entre nous qui travaillent dans le domaine des soins de santé ont en effet besoin d’aide. De toutes les provinces de l’Atlantique, le Nouveau-Brunswick est celle dont les dépenses de santé publique par habitant sont les plus faibles. Nous avons besoin d’investissements ciblés dans l’accès aux soins primaires, la diminution du temps d’attente aux services d’urgence et les arriérés chirurgicaux. Il nous faut davantage de médecins, et ceux qui travaillent déjà ici doivent être davantage reconnus à leur juste valeur. Ce qu’il nous manque, au bout du compte, ce sont les outils nécessaires pour faire notre travail, et non des conseils ou des directives quant à la façon dont ce travail devrait être effectué.
Dr Mark MacMillan
Président, Société médicale du Nouveau-Brunswick
Dr Christopher Goodyear,
Président du Conseil d’administration, Société médicale du Nouveau-Brunswick