Le système de santé a besoin d’un remaniement

Au cours de près de deux décennies d’exercice de la médecine au Nouveau-Brunswick, j’ai vu les défis des soins de santé dans notre province s’aggraver.

Ce que nous vivons n’est pas unique au Nouveau-Brunswick, notamment les problèmes des patients comme l’obésité, le diabète et la santé mentale, ainsi que les problèmes systémiques comme la pénurie de médecins et de personnel infirmier, la surcharge des services d’urgence et les ressources limitées des hôpitaux. Mais ces problèmes sont exacerbés par la gravité des problèmes de santé et l’âge de notre population.

Comme les médecins et les autres professionnels de la santé donnent des soins sans avoir les ressources nécessaires pour le faire, les tensions sont évidentes. Ces défis touchent autant les régions urbaines que les régions rurales, les francophones et les anglophones. Ils ajoutent du stress et ont un impact sur la santé et le mieux-être des patients, des médecins et des autres fournisseurs de soins de santé.

Le changement est nécessaire, non seulement du point de vue des soins aux patients, mais aussi du point de vue du système de santé. Les médecins, le personnel infirmier et les autres professionnels de la santé sont tous les jours en première ligne pour relever ces défis, et nous devons jouer un plus grand rôle pour éclairer les politiques et la prise de décisions sur la façon de les relever.

En tant que nouveau président de la Société médicale du Nouveau-Brunswick (SMNB), je suis encouragé par la récente collaboration entre la SMNB et le gouvernement.

L’annonce faite la fin de semaine dernière par le ministre de la Santé, Ted Flemming, selon laquelle les numéros de facturation des médecins de famille et des spécialistes seront éliminés d’ici le 15 décembre 2019, est une avancée positive que la SMNB prône depuis longtemps.

Le Nouveau-Brunswick a besoin d’une nouvelle stratégie de recrutement des médecins qui accorde une attention particulière aux régions rurales et défavorisées ainsi qu’à la région du Nord. Au cours des prochains mois, la SMNB travaillera avec le ministère de la Santé et les régies régionales de la santé à l’élaboration d’un nouveau plan visant à améliorer le recrutement et le maintien en poste des médecins dans toutes les régions du Nouveau-Brunswick.

L’amélioration des dossiers médicaux électroniques (DME) en permettant aux médecins de choisir parmi les fournisseurs de DME est une autre étape importante.

La transformation ne peut pas s’arrêter là. Les défis auxquels nous sommes confrontés en matière de soins de santé exigent un remaniement complet du système.

Nous devrions nous tourner vers nos homologues de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard et de l’Ontario pour examiner comment nous pouvons intégrer les soins virtuels dans notre province afin d’améliorer les soins aux patients et leur accès. Les soins virtuels peuvent améliorer l’accès aux soins de santé primaires en reliant les médecins et les patients à distance. Dans les régions rurales du Nouveau-Brunswick, il pourrait être particulièrement utile de relier les médecins et les patients par vidéoconférence, téléphone, texto ou courriel.

Nous devons également continuer de faire valoir auprès du gouvernement fédéral la nécessité d’un nouveau supplément au Transfert canadien en matière de santé (TCS) fondé sur la démographie. L’Association médicale canadienne et les associations médicales des provinces de l’Atlantique conviennent que l’entente financière actuelle entre les gouvernements fédéral et provinciaux ne reflète pas les coûts associés aux soins d’une population vieillissante.

Avec le supplément proposé pour le TCS, le gouvernement fédéral fournirait des fonds supplémentaires pour couvrir une partie des coûts de santé associés au vieillissement de la population dans chaque province et territoire, conformément à la part fédérale actuelle des coûts totaux de la santé (22 %). Pour le Nouveau-Brunswick, cela signifierait 798 millions de dollars de plus sur 10 ans. Ce financement supplémentaire pourrait avoir une incidence considérable sur notre façon de donner les soins de santé dans la province.

En tant que président de la SMNB, il me tarde de travailler avec mes collègues médecins, le gouvernement et les autres professionnels de la santé sur ces questions et d’autres questions importantes liées au système au cours de la prochaine année.

Mais nous ne pouvons pas changer les défis démographiques et les problèmes de santé dans notre province si nous ne commençons pas par prendre soin de notre propre santé et de notre propre mieux-être.

En 2017, le Conseil de la santé du Nouveau-Brunswick a publié des données montrant que plus de 61 % de la population du Nouveau-Brunswick est aux prises avec au moins une maladie chronique.

La même année, Statistique Canada a publié des estimations indiquant que plus de 70 % des adultes du Nouveau-Brunswick sont en surpoids ou obèses. L’obésité est directement liée aux maladies chroniques comme le diabète, l’asthme, les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et le cancer.

La SMNB continuera de promouvoir les soins de santé préventifs auprès des Néo-Brunswickois et des Néo-Brunswickoises, y compris une saine alimentation et l’activité physique.

Nous pouvons faire mieux. Mais cela exigera des efforts de la part de nous tous – les professionnels de la santé, les collectivités, tous les ordres de gouvernement et les habitants du Nouveau-Brunswick.

Le Dr Chris Goodyear, FRCSC, est chirurgien général à Fredericton et nouveau président de la Société médicale du Nouveau-Brunswick.