Le Nouveau-Brunswick doit faire preuve d’audace pour changer le système de santé
Après peut-être la plus longue année et demie que beaucoup d’entre nous aient jamais vécue, nous sommes enfin « verts » au Nouveau-Brunswick. Cela ne va pas sans défis, comme nous avons pu le constater récemment dans la région de Moncton. Nous pouvons nous réjouir des résultats de notre lutte contre le virus, mais nous devons rester vigilants contre le variant Delta, plus contagieux. Les enfants de moins de 12 ans ne peuvent pas encore être vaccinés contre le virus. Avec la réouverture des écoles dans moins de deux semaines, il est impératif de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger nos jeunes.
Parallèlement, nous ne pouvons pas nous désintéresser des nombreux autres défis de notre province en matière de soins de santé.
Notre système de santé continue de faire face à des problèmes alarmants, notamment une crise des ressources humaines qui menace des services essentiels comme les soins primaires, spécialisés, d’urgence et chirurgicaux.
Le site Web de recrutement des médecins du gouvernement affiche plus de 150 postes vacants, et nous savons que des centaines de postes sont vacants dans le secteur des soins infirmiers. Les temps d’attente pour les soins spécialisés sont parmi les plus élevés du pays, et l’accès aux ressources en santé mentale est inadéquat. Les Néo-Brunswickois de la communauté 2ELGBTQ+ font face à des obstacles pour accéder aux soins de santé. L’accès à l’avortement – qui nécessite une intervention rapide – reste limité à seulement deux régions de la province. Ce ne sont là que quelques-uns de nos nombreux défis.
Au début de l’année, la ministre de la Santé, Dorothy Shephard, a annoncé un vaste processus de consultation visant à réformer le système de santé au moyen d’un nouveau plan quinquennal.
Dans un document de travail publié en janvier, la province a énoncé les nombreux défis en matière de soins de santé auxquels elle souhaite s’attaquer. Je me réjouis des objectifs de la province, qui correspondent aux défis que les médecins constatent chaque jour dans notre système de santé.
Voici ce que nous savons : le statu quo ne donnera pas les résultats que les Néo-Brunswickois attendent de leur système de santé. Les soins de santé au Nouveau-Brunswick ont sérieusement besoin d’un plan provincial de santé renouvelé, élaboré en collaboration avec le gouvernement, les dirigeants des soins de santé et les parties prenantes communautaires. Pour apporter des changements importants, nous devons tous travailler ensemble.
Je suis fermement convaincu que si le gouvernement, les régies régionales de la santé, les médecins, le personnel infirmier, les autres fournisseurs de soins et les parties prenantes travaillent ensemble, nous pouvons apporter des changements importants à notre système de santé et améliorer la santé de notre population.
Dans le cadre du processus de consultation du public du gouvernement provincial, la SMNB a présenté 57 recommandations pour améliorer les soins de santé. Les recommandations sont axées sur la réduction de la pauvreté chez les Néo-Brunswickois les plus vulnérables, le remaniement des ressources limitées, l’exploitation de la technologie dans un système tendu et l’investissement dans le personnel chargé de la prestation des soins de santé. Elles portent sur une grande variété de sujets importants, notamment la santé de la population, les soins de santé primaires, les temps d’attente, les services de traitement des dépendances et de santé mentale, les soins aux personnes âgées, les ressources humaines en santé et les soins à la communauté 2ELGBTQ+.
Les recommandations ont été créées à partir des idées et des expériences des médecins du Nouveau-Brunswick. La SMNB a mené un sondage auprès de ces derniers. Plus de 500 médecins des quatre coins de la province y ont répondu. De plus, pour étayer son dossier de recommandations, la SMNB a recueilli des données et des pratiques exemplaires au Canada et ailleurs dans le monde.
Pour changer les choses, nous devons faire preuve d’audace.
Voici quelques-unes des choses que nous devons réaliser :
- créer une stratégie globale en matière de ressources humaines dans le domaine de la santé afin de s’assurer de disposer des fournisseurs de soins de santé nécessaires pour aujourd’hui et pour l’avenir;
- doubler les stratégies existantes de réduction de la pauvreté, y compris le logement et les suppléments de revenu;
- promouvoir le vieillissement en santé, moderniser les établissements de soins de longue durée et simplifier les processus pour les patients en attente d’un autre niveau de soins;
- s’appuyer sur la technologie – au cours de la dernière année, nous avons vu comment les soins virtuels peuvent être un outil puissant pour accroître l’accès des patients aux soins de santé;
- améliorer l’accès aux soins primaires, spécialisés, d’urgence et chirurgicaux;
- s’attaquer au problème des opioïdes qui touche beaucoup trop de Néo-Brunswickois.
Si nous avons réussi à traverser la pandémie, c’est parce que nous avons collaboré, que nous avons fait preuve d’audace et que nous avons misé sur une approche souple. Nous devons continuer à faire preuve d’audace si nous voulons offrir les soins de santé que les Néo-Brunswickois méritent.
Enfin, j’encourage tous les Néo-Brunswickois qui n’ont pas reçu le vaccin contre la COVID-19 à le faire. Avec le variant Delta, plus contagieux, qui est parmi nous et qui provoque une résurgence des cas dans une grande partie du monde, il est essentiel que tous ceux qui peuvent se faire vacciner le fassent pour se protéger, ainsi que pour protéger leurs proches et leur collectivité.
Si vous avez des inquiétudes concernant le vaccin, je vous invite à en parler à votre médecin, à un autre fournisseur de soins primaires ou à votre pharmacien afin qu’ils puissent répondre à vos questions et vous aider à prendre une décision éclairée. Les vaccins sont notre meilleure protection contre le virus.
Le Dr Jeff Steeves est ophtalmologiste à Rothesay et président de la Société médicale du Nouveau-Brunswick.